Trois nuances de bleu par le peintre Jean-Christophe Molinéris

Trois nuances de bleu par le peintre Jean Christophe Molinéris

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Parce qu’il publie prochainement et qu’il expose à la villa Pacha Tamaris La Seyne durant tout l’été, je me propose d’écrire cette variation sur le thème du bleu chez le peintre Jean Christophe Molinéris.

Le bleu c’est le lien imperceptible qui relie Jean-Christophe à cette étrange légèreté qu’est la divine maturité.

Car c’est une œuvre de la maturité que va nous présenter le peintre dans ce livre et cette exposition, une œuvre pleine et grasse comme un jour d’été où le bleu a toute sa place qu’il s’agisse de la couleur, des bleus à l’âme ou du bleu de travail, ce que je nommerai le « bleu Giaco » en mémoire à ce peintre Giacobazzi qui a tant compté dans la vie de Jean Christophe Molinéris.

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Très présente, presque manichéenne durant la période des collages, la couleur bleu se densifie, s’épanouit, s’obscurcit, se déchire, s’ouvre à d’autres perspectives. Le bleu apparaît en fond, comme toujours chez Jean Christophe Molinéris. Mais ce bleu n’a plus la même valeur, ce n’est plus une couleur, c’est une narration.

Car c’est le fond qui raconte l’histoire chez Jean Christophe. Le sujet n’est qu’un prétexte, l’adoucissement d’une problématique bien campée dans le fond de toiles aussi denses qu’énigmatiques.

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Le bleu c’est le souffle, c’est un espace de liberté. C’est le ciel aussi, la nuit, la profondeur, l’apesanteur où se mêlent passé, présent, mort, vie, et puis tous ces fantômes qui hantent Jean Christophe, la mère, le père, le « sur-père » Giacobazzi et tous ceux qui ont souffert et que le peintre emporte dans la mémoire retrouvée de ces allégories des jours ordinaires.

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Le bleu se sont les bleus à l’âme du peintre, tous ces coups qu’il reçoit comme un boxer se bat jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’au KO, jusqu’à la Rédemption aussi.

Voici 30 ans que Jean Christophe peint, qu’il expérimente, des installations d’abord, des collages mêlés à la peinture et puis maintenant c’est une peinture classique, un retour aux origines, la vénération des maîtres florentins, sans doute aussi.

Emotionnellement en première ligne, le peintre ne s’est jamais caché derrière des paravents. Il a assumé, avec toute la violence que cela comporte parfois, cet état émotionnel débordant qui l’a conduit à peindre les coups et les blessures de la vie qui l’entoure.

Et puis de guerre lasse, Jean Christophe prend de la distance, il met son bleu de travail, un bleu qui lui sert de « parableus », ce que je nomme la leçon de Giaco ou comment l’esprit du Tao vint au peintre.

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Quand Jean Christophe Molinéris rencontre le peintre Giacobazzi, il est très jeune. C’est comme une grande révolution dans sa tête, entre rejet, haine, violence, incompréhension, amour aussi, surtout amour.

Tout ça il le flanque sur ses toiles mais entre lui et son travail il n’y a aucune distance. Jean Christophe est sa peinture, il est sa souffrance.

La leçon de Giaco c’est l’apprentissage du métier. « Tu mets ton bleu de travail et tu l’enlèves » Voilà ce qu’il répète à Jean Christophe, voilà ce qu’il lui transmet, le bleu de travail, la distance, le métier.

Parallèlement Jean Christophe s’intéresse à la philosophie taoïste et ce n’est pas un hasard. Il apprend la sérénité, il apprend à contempler, les pieds bien plantés en terre, en équilibre, malgré le vent qui souffle, malgré les tempêtes. Ainsi Jean Christophe établit ses pénates entre son travail et puis sa vie d’humain. Il devient un peintre alors qu’il n’était qu’un cri, désespéré, bien souvent, le plus souvent d’ailleurs.

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Le sacre du peintre c’est donc bel et bien ce bleu dans tous ses états sans parler du bleu Giaco comme on dit le bleu Klein, ce bleu métaphorique et pourtant si réel qui consacre l’œuvre de Jean Christophe Molinéris pour en faire une œuvre de l’atemporalité et de la sérénité.

Marie Kern, 23 février 2016

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Marie Kern

Marie Kern - Blogueuse, auteur, accompagnement littéraire d'artistes (peintres ...), rédactrice web (article, contenu rédactionnel, ré-écriture de pages web).

One Comment

  1. un bien bel article pour une bien belle couleur…
    Bien entendu Klein, et ses tableaux si fascinants, mais aussi une de mes lectures marquantes, il y a quelques années :
    bleu : histoire d’une couleur, de Pastoureau
    Enfin une légère confession impudique : quand j’étais enfant, ma mère qui était croyante, m’avait « voué » au bleu, parait-il la couleur de la vierge Marie, et j’ai longtemps porté des vêtements à base de bleus, étrange pratique sans doute disparue aujourd’hui…. Merci en tout cas pour ce bel article sur un peintre que je ne connaissais pas…
    Dan

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