SOS j’ai trouvé un oisillon
Que faire lorsque l’on trouve un oisillon ? C’est une question qui m’a été maintes fois posée. Je vais tenter d’y répondre d’une manière simple, il y a des tas de sites consacrés à ce genre d’action mais les explications sont longues et confuses, voire décourageantes. Je me propose d’être claire et concrète, de m’appuyer sur mon expérience (qui couvre plusieurs types d’oiseaux) et d’aller au plus simple.
Tout d’abord il s’agit de savoir s’il est possible de remettre le poussin dans le nid, si le nid se trouve dans les parages et si l’oiseau n’a subi aucun traumatisme auquel cas il peut retourner près de ses parents. L’idée qu’un oisillon touché par l’humain sera rejeté par ses parents est totalement fausse. Les oiseaux ont peu d’odorat et le fait de remettre le petit dans le nid n’a aucune influence sur son éventuel rejet.
J’ai remis par deux fois des bébés goélands sur le toit de la résidence juste en face de chez moi. Tout s’est très bien passé. Les parents veillaient en tournant dans le ciel et ils ont repris les petits qu’ils ont continué d’élever jusqu’à ce que les bébés soient près à voler et parfaitement autonomes.
Les oiseaux en général sont des parents protecteurs et le lien qui les unit aux petits est fort.
Les goélands en particulier sont des êtres solidaires qui accordent une très grande importance à la famille. Tout au cours de leur vie ils se soutiennent, de génération en génération. Les petits sont très entourés et vous ne craindrez rien en remettant un bébé dans son nid, au contraire, les parents comprendront et vous seront gré, à leur manière.
Si le nid n’est pas dans le coin, si l’oiseau a marché, si le vent l’a poussé, s’il a été poursuivi par un chat, évidemment une attention plus poussée s’impose.
Dans ce cas la meilleure des solutions est de confier l’oiseau à un vétérinaire spécialisé dans les oiseaux ou NAC (nouveaux animaux de compagnie). S’il n’y en a pas dans votre entourage, confiez l’oiseau à un vétérinaire qui aura préalablement téléphoné au groupe LPO le plus proche, ceci dans le cas des oiseaux considérés comme faune sauvage c’est à dire tous sauf les pigeons et les tourterelles.
Les groupes LPO disposent de contacts auprès des centres qui s’occupent de la faune sauvage et peuvent être très utiles pour savoir que faire de l’oisillon.
Si vous désirez vous occuper de l’oiseau ou si vous ne trouvez aucun vétérinaire disponible pour garder l’oiseau sans l’euthanasier systématiquement, examinez le et soignez le vous même. S’il a été mordu par un chat, s’il est blessé, des antibiotiques sont nécessaires. Le plus utilisé est le Marbocyl. Un vétérinaire pourra vous indiquer la dose.
S’il est tombé et s’est fait une entorse ou bien s’il y a cassure donc gonflement, il faudra donner des anti inflammatoires style Métacam. Là encore le dosage est réservé au vétérinaire.
Enfin si le cou est déformé suite à la chute, le pronostic vital est sévèrement engagé. En général il y a peu d’espoir.
J’ai eu un cas similaire, un pigeonneau tombé du nid, le cou déformé. J’ai tenté de le sauver, de le nourrir. J’ai effectué des massages au niveau du jabot pour faciliter la digestion mais rien n’y a fait. L’oiseau a dû être endormi par les bons soins du vétérinaire dans les trois jours qui suivirent.
Si vous n’avez aucun temps à consacrer à l’oiseau, il faut confier l’oiseau au vétérinaire qui pourra peut-être trouver une famille d’accueil dans le cas de pigeons et tourterelles.
Pour le reste, on en revient aux solutions proposées au paragraphe précédent.
Si vous disposez de temps ou tout au moins de l’envie de vous occuper de votre oisillon, s’il n’y a pas de centre de réintroduction faune sauvage à qui vous puissiez confier votre oiseau et que vous désirez vraiment vous y atteler, voici quelques conseils pour le soin, le nourrissage et le contact à maintenir avec l’oiseau.
Une question se pose, où mettre l’oisillon ?
- Si c’est un tout petit, un nid fait par exemple d’une boîte à chaussure remplie de paille sera bien venu. Si l’oisillon a quelques jours (c’est comme un petit ver sans plume avec de gros yeux ouverts ou pas) il faut le maintenir au chaud, surtout si c’est le début du printemps et qu’il fait encore froid. On peut mettre une bouillote et la nuit placer le nid près d’un radiateur, pas contre, tout près et entourer le nid de tissus voir d’une veste chaude.
J’ai dormi avec un bébé tourterelle qui avait fait un net refroidissement (tout le corps devient froid, bec, pattes glacés ; j’avais réchauffé dans ma main l’oisillon) pendant une semaine. J’ai mis le nid près de moi, monté la couverture jusque sur le nid (attention on laissera de l’air pour le petit !) et dormi tout près afin que la chaleur du corps aide le bébé à ne pas se refroidir.
- Si l’oiseau est un peu plus grand, on peut le mettre dans un grand carton avec de la paille au fond.
- Si l’oiseau volette le carton conviendra pour la nuit mais pour la journée il faudra prévoir soit de l’intégrer à la vie de la maison, soit de le mettre dans une volière ou une grande cage, un endroit où l’oiseau pourra faire ses ailes et surtout communiquer avec ses congénères. Dans les deux cas il est préférable de ne pas trop tisser de liens affectifs avec l’oiseau bien que cela soit très difficile avec des oiseaux « domestiques » comme les pigeons et les tourterelles.
J’ai élevé un pigeon ramier, j’avais un lien très affectif avec lui, je pensais qu’il ne pourrait jamais partir et il est parti un beau matin de juin. Il était en liberté, avait coutume de regarder par la fenêtre et surtout de communiquer avec les siens. Ainsi il a pu établir des liens avec ses congénères bien avant de partir et quand il est parti, il savait dans quelle direction aller.
Idem pour les tourterelles que j’ai élevées et qui ont survécu à la Trichomonose qui sévit chez ces oiseaux. Avec les tourterelles je procède désormais par prévention, je donne 4 ou 5 jours de Trichorex dés que le petit ouvre les yeux, ainsi le bébé se trouve débarrassé du parasite qui risque de se développer dés son plus jeune âge jusqu’à envahir les poumons et la gorge de pue.
Concernant le nourrissage
Les oiseaux n’ont pas tous le même régime alimentaire. On distingue deux grandes familles, les granivores et les insectivores.
Cependant tous les oiseaux nourrissent leurs petits avec des insectes sauf les pigeons et les tourterelles qui fabriquent un lait très nutritif. Pour ces derniers la nourriture idéale est le Nutribird.
Pour les autres, il y a de très bonnes pâtés aux insectes ou bien on peut trouver des vers de farine ou du steack hâché dont les bébés martinets raffolent!
Comment donner le biberon aux petits et à quelle fréquence ?
Plus les oisillons sont petits, plus la pâté que vous réaliserez sera liquide.
Prenez une seringue à insuline SANS L’AIGUILLE !!! et nourrissez le petit en lui enfonçant légèrement la seringue dans la gorge, bien sur la langue pour ne pas faire fausse route, et jusqu’à ce que le jabot soit rempli (ça fait comme une petite balle de ping pong) mais toujours souple, jamais dur !
On recommencera le nourrissage dés que le jabot sera vide. Si le jabot est rempli à chaque fois, le nourrissage se fait 3 fois par jour.
Parfois l’oiseau habitué viendra demander son bibi et ouvrira spontanément le bec.
J’ai le cas en ce moment d’un pigeonneau qu’un ami m’a apporté. Comme j’ai une volière au fond du jardin j’ai mis le petit avec ceux qui sont déjà présents, notamment un couple qui refuse de partir de la volière. Comme ils ont eu un petit il y a cinq semaines, ils ont fabriqué du lait de pigeon avec lequel ils nourrissent le bébé.
Le père est venu spontanément nourrir le petit d’adoption. Il sera frère de lait du bébé né dans la volière. Ceci pour dire que certains pigeons peuvent adopter et nourrir. Mais ce n’est pas le cas le plus fréquent.
Au bout de trois à quatre semaines on commencera à donner des graines et à donner le goût au petit en lui mettant des grains sur le bout de la langue, ainsi il va se sevrer en adoptant un nouveau régime alimentaire.
Idem pour les oisillons nourris avec de la pâté aux insectes. Les petits du style passereau deviennent mâtures plus rapidement que les autres. Le temps de nourrissage au biberon sera moins long. On procèdera au gavage avec beaucoup de minutie pour un tout petit oisillon.
Dans le cas des martinets, il faut trouver des vers de farine ou, à défaut, du steack hâché cru que l’on fractionnera en toute petites boules et que l’on mettra au bout du bec du petit qui l’avalera goulûment.
Il faut également hydrater l’oiseau en mettant de petites gouttes d’eau sur le bec de manière à ce que cela glisse dans la bouche.
Ne pas oubliez que le martinet comme l’hirondelle se relâche en hauteur, si vous avez un doute, demandez à un professionnel de vous aider.
Il m’est arrivé de jouer le rôle de famille relais en ce qui concerne les martinets. J’ai nourri les petits jusqu’à ce qu’un voyage soit organisé jusqu’au centre de réintroduction faune sauvage de Buoux.
Attention, les petits martinets sont très attachants. Ils crient pour qu’on les prenne sur soi. Attention car trop apprivoisés, ils auront du mal à reprendre leur liberté. J’ai personnellement eu beaucoup de mal à ne pas montrer trop de signes affectifs, le martinet étant l’oisillon le plus nécessiteux en matière d’affect.
Car il faut penser à l’envol et c’est sans doute le plus dur. Un oiseau élevé par un humain montre des signes d’imprégnation. C’est la raison pour laquelle il faut garder le plus de distance possible.
Il est très tentant d’élever un poussin comme son propre petit, les oisillons se laissent faire et ne demandent que ça. Si vous élevez un pigeonneau en le tenant dans vos bras, vous vous fabriquerez un véritable petit chien volant qui vous suivra à la trace jusqu’au jour ou le sexe opposé lui tournera la tête et il essaiera de faire venir sa conquête chez vous c’est à dire chez lui.
En général les oiseaux savent très bien quand ils doivent partir. Si le contact est bon avec l’humain, s’il n’est pas trop « pesant », si l’oiseau peut faire ses ailes et grandir en communiquant avec ses congénères, il choisira son moment pour partir. Il vous le fera savoir en faisant des aller/ retour devant la fenêtre, en montrant beaucoup d’agitation. Certains choisissent d’aller le jour faire leur tour et de rentrer la nuit, ceci durant un certain temps jusqu’au moment où ils prendront leur complète autonomie. D’autres choisissent de partir sans revenir. Enfin, si le sexe opposé a pris soin de venir faire sa cour quelque temps auparavant au jeune oiseau, il partira avec lui sans se retourner.

Jeune tourterelle qui a fait les aller/ retour durant quelques semaines et puis elle est partie définitivement
Il en est advenu ainsi d’une petite tourterelle blanche que j’avais achetée pour la sortir de sa cage. Je l’ai mise en volière dehors (ce qui lui valut pas mal d’affolement au départ). Elle a tapé dans l’œil d’un petit mâle qui venait la voir chaque jour jusqu’au moment où elle a décidé de s’enfuir pour convoler en justes noces avec l’élu de son coeur.
Ce qu’il faut bien se rappeler c’est que tous les oiseaux s’apprivoisent et que ce n’est pas une solution pour leur avenir de les rendre esclaves de l’humain.
De même qu’un oiseau n’a rien à faire dans une cage, de même il n’a rien à faire dans une maison. Chacun son habitat. La maison ne doit être qu’un passage.
Reste un cas que je n’ai pas évoqué, celui des bébés rapaces. Ces oiseaux doivent être impérativement amenés dans un centre adapté.
J’ai trouvé un bébé faucon il y a quelques années, je l’ai amené à un jeune garçon spécialiste des oiseaux.
Des covoiturages peuvent être organisés à la demande des vétérinaires pour emmener des oisillons de proie ou autres dans les centres qui leur conviennent.
Mon exposé se termine ici. J’espère avoir permis à certaines personnes de mieux appréhender l’oisillon qu’ils auront trouvé.
On pense très souvent que c’est impossible, que l’on y arrivera pas, que l’oisillon est trop fragile, qu’il va mourir etc… et bien sûr il y a des risques, bien sûr ce n’est pas simple, surtout avec les très petits, mais il faut tenter quand même car élever un oisillon et le remettre en liberté est vraiment des plus gratifiants !
Marie Kern, le 1er mai 2016
J’ai lu votre page et j’ai encore appris des choses intéressantes sur la façon de venir en aide aux bébés oiseaux. Vos conseils sur facebook m’ont été précieux et sur votre page, j’ai lu qu’il ne faut pas trop apprivoiser la tourterelle. Tipiou est très attachée à moi peut être trop et je voudrais qu’elle retrouve sa liberté. Dois-je continuer à la caresser quand elle vient se percher sur ma tête ou dois-je l’éloigner de moi gentiment certes mais plus fréquemment ?
J’espère pouvoir encore communiquer avec vous, sans se connaître, je pense avoir sympathiser avec vous.
Pour ce 1er Mai, je vous souhaite tout le bonheur possible pour vous et vos petits protégés. Avec mes meilleures pensées et encore merci
Mireille
Très bel article, je l’ai dévoré. Vous faites un travail formidable !
Bonjour,
J’habite à Trouville sur mer et il y a un oisillon ( de quelques jours ) goéland sur une gouttière chez mes voisins. Il est tombé du nid. Ses parents ne le nourrissent plus.
Je souhaiterais le récupérer et le mettre sur mon toit terrasse où il y a déjà trois bébés goélands d’à peine deux semaines. Je souhaitais savoir si les goélands adultes qui ne sont pas les parents s’en occuperont? Où est-il préférable que je le nourrisse moi-même.
Il faut déjà que j’aille le chercher, ce qui est tout un périple.
Merci d’avance pour votre réponse