Partager la publication "L’illusion d’optique ou l’échec d’une économie parfaitement avariée"
L’illusion d’optique ou l’échec d’une économie parfaitement avariée
Avez-vous songé au lien qu’il peut y avoir entre daesh et la Cop 21 ? Au premier abord il n’y en a pas, et pourtant ! ce sont des produits d’une même société. Plus particulièrement ils sont le fruit d’une même imagerie sociale, celle de l’opulence, du faste, de la violence et du sexe, bref ce sont deux pures créations de notre société, deux interprétations de l’imagerie sociale, deux phénomènes liés comme l’âme est liée au corps, le désir au rejet, la passion à la haine.
Certains m’objecteront que daesh est né des conflits entre l’Amérique (et ses alliés) et le Moyen-Orient, qu’il est une création politique dans le but de déstabiliser une région d’abord et puis un ordre et des peuples enfin dont la guerre profite aux marchands d’arme et aux multinationales, c’est absolument vrai. Mais je parle de l’engouement des jeunes pour daesh, de tous ces jeunes des cités ou d’ailleurs qui, privés du luxe dont on affiche les images un peu partout, un luxe que l’on prône comme l’absolu raison de vivre, s’engagent auprès de daesh en réaction, par envie, dépit, haine et jalousie.
Comment définir l’imagerie sociale? C’est l’ensemble des supports – des images – qui projettent l’idée d’une société. Actuellement cela va du produit de consommation de base à la «star» censée représenter la parfaite réussite sociale en passant par le dernier i phone « super cool », les frites mc cain
et leur paquet aux couleurs dynamiques symbolisant la joie de vivre et l’énergie ! enfin absolument tout, l’image étant un scénario que la société vend au prix d’un désir permanent, d’une insatisfaction grandissante et de ce fait d’une consommation effrénée (cause de pollution) bien souvent accompagnée de haine car peu obtiennent le niveau de vie d’une de ces midinettes à 2 balles que l’Amérique aime afficher aux yeux d’un public souvent modeste voire miséreux. Et lorsque la haine et l’inculture se mêlent apparaît l’obscurantisme et la violence qui vont avec, une réaction normale -que je n’approuve pas!- mais qui relève de l’instinct, il faut bien le dire.
L’image (telle qu’utilisée) est le lien entre une idéologie dominante et l’ensemble des individus vivant dans une société donnée. L’image est l’instrument d’une volonté totalitariste, le sourire de satan comme j’aime le nommer dans le cas de notre image sociale car derrière la séduction et même la magie se trouve la pire des perversions, en réalité.
En effet, le vrai message de l’image n’est pas celui qui se lit mais celui que l’on reçoit inconsciemment. L’image n’est pas ce que l’on voit mais ce que l’on devient par elle, à travers elle. L’image est une arme de destruction massive, celle de l‘esprit critique et de la liberté, celle de l’humanité en quelque sorte, celle de la démocratie évidemment aussi.
Prenons l’exemple d’une image en particulier, celle de la dernière pub de Paco Rabanne One million.
La « fabulous life » mise en scène dans ce scénario fait rêver des millions de gens. On claque des doigts et tout tombe du ciel, c’est la vie rêvée ! la vie des milliardaires, la vie qu’il faut atteindre, la vie modèle ! Mais en réalité, à part le rêve, que vend ce produit ? Le désir de possession, la haine de ne pas avoir autant que l’autre et peut-être même le besoin de se venger, par la violence la plus extrême pour les plus indigents, les plus désoeuvrés aussi, comme cité précédemment.
Il y a un lien étroit entre ces deux fléaux contemporains à savoir l’obscurantisme haineux et les délires de consommations cause de toujours plus de pollution. C’est la même carte avec son envers et son endroit, la même source de création à savoir l’économie de marché débridée, vendue aux banquiers et aux multinationales qui ne cessent de nous asphyxier par leurs délires de profit et leur absence totale de raisonnement à long terme.
Alors, par une simple image, par une simple idée, ils ont détruit la planète. Ils ont capturé la quasi totalité des molécules de ce monde, ils ont divisé les peuples, créer les haines qui leur permettent de jouer aux billes, tranquillement, pendant que les autres -nous- s’entre déchirent, pendant que nous continuons d’emprunter pour obtenir toujours plus, pendant que le monde est à feu et à sang, ils arrivent avec leurs images de bonheur affiché et ça calme tout le monde parce que ça fait rêver ! Ou bien ça attise le feu…
Ainsi, pour changer le monde, il faut en changer ses images et mettre celles que nous avons à la poubelle. Ce n’est pas simple, c’est même titanesque mais à chaque société son imagerie (observons l’Histoire pour s’en persuader, à chaque époque son imagerie) et celle de notre époque se fissure de tous bords car elle n’est pas le produit d’une culture mais d’une boursouflure financière.
Et cet argent qui nous contrôle n’est pas prêt de baisser la garde, surtout si on ne l’y oblige pas, si on continue de prendre parce que rêver nous arrange, finalement. Mais le rêve n’est pas la réalité, à nous donc d’inventer de nouvelles images qui correspondront à une société plus juste, plus équitable et surtout plus modeste, plus humaine, bien loin du très mécanique One million et des délires d’argent qui mènent notre planète vers le gouffre le plus profond.
Marie Kern, 5 décembre 2015