Partager la publication "Le recours au « modèle » animal est-il anticonstitutionnel? par Claude Reiss – extrait de la Notice d’Antidote Europe -"
Le recours au « modèle » animal est-il anticonstitutionnel ?
L’usage d’animaux pris comme « modèles » biologiques de l’homme pour des questions de santé humaine est-il conforme à la Constitution Française ?
Nous pensons que non, nous le prouvons et envisageons de porter cette affaire devant le Conseil Constitutionnel, en vu de prouver que cette pratique est contraire à une disposition qui « garantit à tous la protection de la santé ».
Nous débattons actuellement avec un Professeur d’Université spécialisé en droit constitutionnel, pour évaluer nos chances dans une action juridique à cette fin. Si finalement nous décidions de nous lancer dans cette action après avoir évalué nos chances de succès, nous ferions appel à votre soutien (facultatif) pour constituer un fond pour les honoraires d’un avocat spécialisé.
Par Claude Reiss, ex directeur de recherche au CNRS
Dans un autre article de cette la présente Notice (Essais cliniques dramatiques à Rennes : le « modèle » animal tue toujours !), il est montré que le recours à des animaux « modèles » de l’homme, pour des évaluations de risques toxiques et plus généralement pour la recherche concernant la santé humaine, est un non-sens. En effet, de part sa définition, aucune espèce ne peut être un modèle biologique pour une autre. Cela concerne aussi le « modèle » chimpanzé, notre plus proche cousin dans l’évolution, dont les 97% d’homologies avec les séquences de nos gènes ne suffisent pas pour en faire un modèle. Le chimpanzé vient d’ailleurs d’être définitivement réformé par l’Institut National de la Santé (NIH) des USA, comme nous l’avions annoncé fin 2015 (voir encadré 1).
Vouloir néanmoins accepter comme valable pour l’homme des résultats de tests obtenus sur un quelconque « modèle », que l’on sait d’avance illusoire, est une aberration, dont l’homme va payer le prix fort au travers des conséquences sur sa santé.
C’est déjà très largement le cas depuis des décennies, puisque nous sommes exposés en toutes circonstances aux 200 000 substances chimiques de synthèse, hors et dans nos foyers, dans l’air que nous respirons, dans notre alimentation, au point, comme le dit Pierre Rabi, nous pourrions souhaiter, au début du repas, non « bon appétit », mais « bonne chance ». Moins d’un millième de ces substances chimiques ont été testées… sur des rongeurs, comme l’impose sans rire la Commission Européenne. Sauf si la substance est un toxique aigu pour la souris (ce qui ne veut pas dire qu’elle le soit aussi pour l’homme), elle est déclarée bonne pour l’homme, qu’elle soit pour ce dernier cancérigène, neurotoxique, reprotoxique ou autres –toxiques, on ne veut pas le savoir. D’ailleurs, si d’aventure la souris se révélait affectée par l’une ou l’autre de ces toxicités, on trouverait vite fait une lignée, dans les milliers que l’on connait, qui y résiste, et le tour est joué : bon pour le consommateur, bonne chance à lui, le cobaye !
Il ne faut donc pas s’étonner que des pathologies très graves se développent depuis quelques décennies à une cadence jamais observée et qui s’accélère. Nos lecteurs savent que la population française vit une explosion de cancers (sein et prostate en particulier), de conditions neurologiques (Alzheimer entre autres), de diabètes, de troubles évolutifs du développement (autisme, mais pas seulement). En France, le nombre de patients diagnostiqués avec l’une ou l’autre des maladies citées ci-dessus est passé de 2.8 millions en 2000 à 6 millions en 2009 à population constante, selon les chiffres des diverses agences officielles de santé. Ces prévalences ont plus que doublé en 9 ans et concernent aujourd’hui un citoyen sur 10. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie indique, pour les Affections Longue Durée, qu’au cours des 20 dernières années, les affections cardio-vasculaires ont été multipliées par 5, les cancers par 4 et les affections psychiatriques par 3. Toutes ces affections sont, et de loin, les principaux pourvoyeurs de mortalités prématurées (avant 65 ans), dont la France a le triste record européen, puisqu’elles sont responsables de plus de 110 000 (dont 40% dus au cancer) des 560 000 décès annuels survenant en France actuellement. Merci qui ?
Même scénario pour l’évaluation des médicaments. Ceux qui ont passé les essais précliniques sur les illusoires animaux « modèles » de l’homme, échouent à 95% (1 sur 20) aux essais cliniques, les quelques % qui passent ces derniers sont mis sur le marché. Résultat : en 1997 déjà, 20 000 morts par effets secondaires des médicaments, 1.3 millions d’hospitalisation. Et aujourd’hui ? Secret d’Etat, la Ministre de la Santé, interrogée, reste muette. Nous estimons autour de 30 000 le nombre de décès en France par an dus aux effets secondaires de médicaments, en nous basant sur le nombre de ces décès dans l’Union Européenne, 190 000 par an ( la population française est le 1/8ème celle de l’UE). Merci qui?
Survient le scandale de Rennes. Cette fois, pas de flou : le « candidat » médicament qui a passé les tests sur les illusoires animaux « modèles » de l’homme, a tué. On apprend aussi qu’il a tué des chiens, mais on a fait semblant de l’ignorer car, selon la Ministre de la Santé, il n’a pas tué le chimpanzé. Il a eu de la chance, pas les chiens ni le cobaye humain.
Continuer à laisser en France « les illusoires animaux « modèles » de l’homme » tuer les bien-portants et les malades par centaines de milliers et millions au cours des années est simplement insupportable. Nous en avons informé la Ministre de la Santé (encadré 2), qui a passé la « patate chaude » à la Direction de la Santé qui… est toujours muette, quand nous mettons sous presse.
Il ne nous reste qu’une solution pour sortir de ce cauchemar : en appeler à la Constitution de l’Etat Français. Elle prévoit en effet, dans le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 qui renvoie au Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, qu’elle « garantit à tous la protection de la santé… » (article 11). Cette garantie est foulée au pied par les autorités qui acceptent de prendre en compte, pour la santé humaine, des données issues de tests sur animaux.
Nous avons échangé à ce sujet avec un professeur de droit constitutionnel à l’Université de Paris Panthéon-Sorbonne, pour évaluer la possibilité de déclarer contraire à la Constitution la prise en compte, pour tout ce qui concerne la santé humaine, de données obtenues sur des « modèles » animaux.
Au cas où une telle démarche aurait des chances de prospérer, nous devrions charger un avocat constitutionnaliste de plaider cette « exception de constitutionnalité ». Nous nous adresserions, le cas échéant, à nos fidèles adhérents pour nous aider à provisionner ses honoraires.
Encadré 1
Le NIH (National Institutes of Health) refuse dorénavant de financer des recherches sur le « modèle » chimpanzé. Paris, le 22/11/2015- Le NIH (USA), le plus grand organisme de recherche biomédical au monde, annonce qu’il « ne financera plus la recherche biomédicale sur les chimpanzés ». Ainsi s’exprime son directeur, Francis Collins, dans un message diffusé le 18 novembre 2015. Cette conclusion résulte d’une évaluation strictement scientifique, demandée deux ans plus tôt à l’Institut de Médecine des USA, qui s’était adjoint les conseils du Comité de Médecins pour une Médecine Responsable.
Pour nous, cette décision est historique, elle représente beaucoup plus qu’une victoire pour sauvegarder une espèce en danger. Le chimpanzé étant notre plus proche cousin dans l’évolution, donc, s’il en existait, le meilleur « modèle » possible, toute autre espèce, plus éloignée de nous, est automatiquement disqualifiée comme « modèle ». Le NIH reconnait donc implicitement qu’aucune espèce n’est un modèle biologique pour une autre ce que nous avons démontré et répété depuis plus de 10 ans.