Le Corridor des éléphants ou comment le Burkina Faso prend son destin en main

Le corridor des éléphants ou comment le Burkina Faso prend son destin en main

Eléphant au Burkina - photo Olivier Behra

Eléphants au Burkina – photo Olivier Behra

La situation de l’éléphant en Afrique est parfaitement dramatique. De plus de 20 millions d’individus avant la colonisation européenne, la population d’éléphants est passée à 350 000 aujourd’hui.

On compte environ 27000 éléphants tués chaque année pour leur ivoire. Partout la population est en baisse à l’exception de quelques pays dont le Burkina Faso qui, comme le Bénin, le Niger ou l’Ouganda, a élaboré un plan de protection de l’animal.

Dans le cas du Burkina, le plan de protection inclus maintenant un « corridor des éléphants ».

Qu’est-ce qu’un corridor d’éléphants ? C’est une zone d’habitat naturel qui permet aux animaux de se rendre d’un parc à l’autre, d’une réserve à l’autre. Le Burkina s’engage à protéger ses éléphants et il faut cet immense corridor pour faire face à l’augmentation de la population de l’animal.

Comment cela est-il possible ? Comment une population si pauvre que celle du Burkina décide de renoncer à l’ivoire mais aussi aux champs de coton ravageurs de biodiversité et grands consommateurs de pesticides ?

Champs de coton ravagé par les pesticides - photo Olivier Behra

Champs de coton ravagé par les pesticides – photo Olivier Behra

« Vu d’ici », de nos pays européens confortables et riches, les populations tueuses d’éléphants sont condamnables. Mais ont-elles d’autres solutions quand la seule demande commerciale concerne l’ivoire ou le coton, comment ces populations qui n’ont rien peuvent-elles refuser ?

C’est là qu’intervient l’idée du social business. Le promoteur de ce concept est Olivier Behra fondateur de Man and Nature. Olivier Behra parcourt le monde pour chercher des solutions, engager des projets de terrains et trouver une dynamique sociale et environnementale bénéfique pour les deux parties : pauvres et riches.

Dans le cas du Burkina Olivier a d’abord réussi à impliquer des petits ONGS comme l’AFAUDEB (Association Faune et Développement au Burkina Faso) qui intervient sur la création de zones villageoises capables de gérer elles-mêmes leurs zones forestières. Alphabétisation, recherche de source de revenus par l’exploitation de la savane, organisation collective de la vente des produits en ville, stockage, sont proposés aux villageois.

Jeune villageoise - photo Olivier Behra

Jeunes villageoises – photo Olivier Behra

Alphabétisation des enfants du village - photo Olivier Behra

Alphabétisation des enfants du village – photo Olivier Behra

Puis il a impliqué Chanel pour soutenir financièrement les actions de l’ONG locale. Olivier travaille avec plusieurs grandes marques qui trouvent leur sourcing dans ces pays pauvres mais remplis de richesses naturelles. Elles doivent comprendre qu’il faut qu’elles s’impliquent maintenant dans la préservation des ressources même en Afrique.

Enfin il vient de lancer un programme fondé sur l’exploitation du karité avec L’Occitane. La marque provençale a fait de superbes actions depuis la fin des années 1980 pour un commerce plus équitable du karité. Il faut maintenant s’assurer que tout sera bio et aider les femmes à vendre leur karité pour que leurs arbres ne soient pas coupés par des planteurs de coton.

Le karité est un arbre sauvage qui pousse dans l’habitat naturel des éléphants. Si les femmes en tirent un juste prix, elles peuvent se permettre de protéger l’habitat des éléphants et elles ne demandent que ça.

Fruit du karité

Fruit du karité

Fruits secs et beurre de karité - photo Olivier Behra

Fruits secs et beurre de karité – photo Olivier Behra

Olivier lance un programme Net Positive Impact pour commercialiser un savon à base de karité récolté par les femmes du Burkina. Le savon et ensuite d’autres produits rapporteront plus que la seule vente des graines ou du beurre. L’idée est de monter une entreprise sociale et solidaire dont la moitié des revenus reviendrait à ces femmes et par là même à la protection des éléphants.

Savons à base de beurre de karité - photo Olivier Behra

Savons à base de beurre de karité – photo Olivier Behra

Ce qu’il faut absolument comprendre c’est que toutes ces populations si pauvres ne peuvent s’en sortir sans l’implication de nos pays riches.

L’idée de transformer les activités des hommes pour transformer leurs rapports à l’environnement est la base du concept développé par Man and Nature.

Villageois oeuvrant à la fabrication des savons - photo Olivier Behra

Villageois oeuvrant à la fabrication des savons – photo Olivier Behra

Nos sociétés occidentales ont une sérieuse responsabilité par rapport aux pays pauvres et au déclin de leur environnement. Seule une étroite collaboration entre richesse et pauvreté peut réellement changer la face du monde.

Olivier Behra sera du 19 au 22 septembre prochain à New-York pour la réunion de la Fondation Clinton. Il portera la voix des femmes du Burkina qui souhaitent pouvoir vivre de leur karité et ainsi protéger les éléphants.

Eléphants du Burkina

Eléphants du Burkina

Marie Kern, le 11 septembre 2016

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Marie Kern

Marie Kern - Blogueuse, auteur, accompagnement littéraire d'artistes (peintres ...), rédactrice web (article, contenu rédactionnel, ré-écriture de pages web).

2 Comments

  1. Merciiii merciii à ce grand monsieur merci à vous marie kern de nous partager ces informations qui me permettent de croire un peu plus en l’espèce humaine !!!.
    Merciii pour ces animaux majestueux….
    Si un jour la nature reprend ses droits ça nous fera très mal et ce sera bien fait … l’homme se croit roi sur cette planète !!

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