De la détresse de lire Naomi Klein…
531 pages exactement, je vous fais grâce de l’index et de la table des matières qui feraient monter le prix au delà des 600 pages, cela veut dire un bon kilo de livre avec des pages compactes et longues comme des jours sans pain, sans aération aucune, des litanies d’informations certes pertinentes mais c’est un tel déballage de connaissances, sans forme ni fond, que cela reste pour le moins indigeste voir carrément imbuvable.
Dans son dernier essai Tout peut changer publié chez Actes Sud, Naomi Klein raconte le climat dans un déferlement d’informations sans ordre, presque contradictoire, une quasi catastrophe climatique littéraire, un véritable tsunami verbal à dégoûter le plus engagé des engagés ! Et l’on a du mal à suivre ces enchevêtrements de paradoxes.
Par exemple : chapitre 1 : La droite voit juste ; très bien, on suppose que la droite a du bon dans son jugement sur le changement climatique et non ! c’est tout le contraire… c’est la gauche qui voit juste, enfin on essaie de comprendre quelque chose mais c’est scabreux, à la limite de l’incompréhensible tout comme ses phrases interminables où s’entremêlent les idées sans vraiment orienter un débat, nourrir un questionnement. La droite voit juste mais c’est la gauche qui a raison, il faut donc loucher pour comprendre Naomi Klein, être atteint d’un défaut de parallélisme des axes intellectuels pour ingurgiter les arguments proposés. C’est verbeux, remplis de détails où le lecteur se perd sans jamais se retrouver, un véritable strabisme mental !
De parents marxistes Naomi Klein tient son combat contre la droite mais qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui ? La droite, la gauche, y a-t-il une différence face à l’économie de marché et à la recherche du profit que toutes deux défendent sans foi ni loi ? Comme si Naomi Klein était un contre-argument de la culture pro américaine, elle semble desservir la cause même qu’elle défend.
Tout cela a des allures de bébés noyés dans les étangs troubles de la manipulation ; comment le capitalisme peut-il payer un journaliste pour cracher dans sa propre soupe ?
Et bien sûr Actes sud publie car c’est dans l’air du temps, celui du changement climatique… on dit sans rien faire, on parle, on publie, ça fait bien !
On est loin de la clarté d’un José Bové quand il parle des multinationales et des droits du consommateur dans L’alimentation en otage; on est très loin aussi d’un Matthieu Ricard concerné, authentique, quand il incrimine la consommation de viande dans son livre Plaidoyer pour les animaux, deuxième facteur responsable des émissions à effet de serre avec 14,5 % des émissions dans l’air ce qui veut dire une responsabilité énorme de l’élevage intensif sur le changement climatique et Naomi Klein est-elle végétarienne ?
Si Naomi Klein veut œuvrer pour le climat, qu’elle commence par devenir végétarienne et qu’elle incite ses lecteurs à la suivre.
Mais non et cela sonne faux comme trop de vérités qui cacheraient un gros mensonge, les Etats-Unis ne changeront pas leur politique économique et Naomi Klein pourra continuer d’écrire « contre » le régime qui la nourrit et porte à bout de bras toute sa littérature.