Jean-Marie Cartereau, peintre toulonnais, fait son chemin, doucement, assurément, il gravit peu à peu les marches qui le mènent à la vraie et grande reconnaissance artistique.
Exposant jusqu’au 28 mars à la galerie ART aujourd’hui à Paris, La part de l’ombre, il travaille parallèlement sur une série de dessins où le thème de l’ange déchu est réinventé, mis en scène, magnifié aussi dans les tonalités sombres qui accompagnent le peintre depuis quelques années maintenant, celles de la maturité, de la conscience aussi.
Jean-Marie Cartereau est un technicien hors paire, un dessinateur « absolu ». Et oui, certains musiciens ont l’oreille absolue, lui a le dessin absolu. C’est rare, surtout de nos jours où beaucoup d’artistes utilisent la rétroprojection, où certains vont également à la facilité du geste en se cachant derrière une fallacieuse complexité de l’intellect, argument du médiocre évoquant le poids du concept face à l’échec de sa propre technique.
Ce n’est pas le cas de Jean-Marie Cartereau. Il est un vrai dessinateur et les nouvelles séries qu’il propose, toutes entremêlées d’ailes d’oiseaux ouvertes sur la libération de soi, une métaphore de la mort sans doute, mouvement ascendant qui amène l’ange déchu jusqu’aux portes d’un paradis perdu derrière les brumes de la condition humaine, toutes ces séries sont le fruit d’une progression et d’un travail acharné qui porte sur plus de 30 années d’existence durant laquelle le peintre a repoussé les limites du jour pour ouvrir celles de l’obscurité, une obscurité où les oiseaux sont rois, des oiseaux presque écartelés à force de sortir cette liberté du plus profond de l’âme du peintre.
C’est au crayon que Cartereau travaille, un crayon qu’il manie comme Bru manie les cires, excellemment et c’est normal, Bru a formé Cartereau quand il était élève aux Beaux-arts de Toulon et logiquement il a pris son envol.
Ainsi, quand on regarde les ailes que Cartereau dessine, on est en droit de se demander si ce ne sont pas tout simplement les ailes du désir artistique.
Marie Kern