Partager la publication "L’heure est grave par le journaliste et écrivain André Baudin"
Et quand l’heure est grave, l’humour n’est plus de mise.
Boris Vian disait qu’il était la politesse du désespoir, citant ce condamné à mort qu’on menait un lundi à l’échafaud : « Voilà une semaine qui commence mal !»
Oui, l’heure est grave ! Passons sur les jérémiades, les cris d’orfraie de certains sur les plateaux télévisés, les gloussements de plaisir d’autres, tâchons au moins de savoir ce qui s’est passé, je veux dire réellement, et pas seulement en apparence.
Le verdict est tombé ! Il est sans appel et rien ne doit nous détourner de son constat. Après trois semaines d’angoisse et de fièvre sécuritaire, dont on espérait au moins un sursaut citoyen, après le rappel médiatique plus qu’insistant, lancinant, que le feu brun était aux portes de la maison et que la mobilisation dans les urnes et son vote utile était seule susceptible de le circonscrire, qu’est-il finalement advenu ?
22 millions de Français, sur les 45 millions inscrits sur les listes électorales, près de 50 %, se sont tenus volontairement à l’écart de la grande convocation, sans compter les votes « nul » en progression…
Et pour les autres 50 %, présents à l’appel, et auxquels il était demandé de trancher dans ce théâtre d’ombres où tout était agité sauf la question des choix à faire pour les six années à venir dans les programmes quant au mieux vivre (santé, travail, transports, éducation…), un tiers supplémentaire a cru bon de rajouter, ce n’était pourtant pas la question posée, « on n’est plus chez nous ».
Même si tout cela ne s’additionne pas, loin s’en faut, le constat est sans appel : des craquements sinistres se font entendre dans l’échafaudage de la République. Démotivés et dégoûtés, oscillant entre le « on n’en a rien à faire » et la théorie du « coup de pied dans la fourmilière », deux citoyens sur trois, 30 millions ça n’est pas rien, ont fait part, le moins que l’on puisse dire, de leur désaffection pour les institutions et de leur outil, le suffrage universel.
Aux origines de ce qui pourrait bien être fatal à la République elle-même, que trouvons-nous ? Des années et des années de mensonges, de reniements, d’engagements plus qu’ignorés, piétinés, de la part de ceux qui gouvernent : le « travailler plus pour gagner plus » et le « j’irai chercher la croissance avec les dents » de l’Homme de 2007 ; le « mon ennemi, c’est la Finance » de l’Homme de 2012 ; la corruption au plus haut sommet, de l’arbitrage frauduleux à 400 millions pour Bernard Tapie, aux comptes bancaires en Suisse et à Singapour du Ministre du Budget Cahuzac ; la peopolisation des soi-disant élites et leurs pauvres histoires de cœur indécemment exposées sur la place publique ; l’éhonté partage des places dans un entre soi de 100 à 200 000 personnes, pas plus ; le piétinement du travail et du salariat ; l’enrichissement vertigineux de la Finance et du CAC 40.
Serait-ce excessif de citer ces quelques lignes de Karl Marx, en 1850, dans la préface de Les luttes de classes en France ?
« Tandis que l’aristocratie financière faisait les lois, administrait l’Etat, disposait de tous les pouvoirs publics organisés, dominait l’opinion publique par l’état des choses et par la presse, on vit se reproduire dans toutes les sphères, de la Cour au café borgne, la même prostitution, la même fraude éhontée, la même soif de s’enrichir, non point en produisant, mais en escamotant la richesse d’autrui disponible, se déchaîner l’affirmation effrénée des appétits pervers et dissolus, entrant en collision à tout instant avec les lois bourgeoises elles-mêmes. Dans son mode d’acquisition comme dans ses jouissances, l’aristocratie financière n’était plus rien d’autre que la résurrection de la canaille au sommet de la société… »
Comme disait l’homme à son bourreau le lundi matin : « Voilà une semaine qui commence mal !», à quoi allons-nous assister dans les prochains jours sur le théâtre fantomatique de la scène politico-médiatique ? Fantomatique, car ils sont déjà morts et ne le savent pas…
Combinaisons, jeux de rôles, opérations tactiques, tractations de coulisses, le tout avec en tête la question du bon positionnement avant l’entrée dans la ligne droite de 2016-2017. La Droite déjà contaminée par sa frange identitaire et xénophobe, la Gauche de Gouvernement ne jouant plus qu’une seule option, faire trébucher la Droite pour s’offrir la place de seul recours ! Quant à l’autre Gauche, dite radicale, minée par de dérisoires querelles d’appareil, l’incohérence et la dispersion.
Aussi, il nous étonnerait que d’ici dimanche prochain, cette tendance à la désaffection et à la condamnation soit enrayée…
A l’entrée de la Cartoucherie de Vincennes, on lit actuellement ceci : « Il serait temps que votre régime, dont la maxime fondamentale est « chacun pour soi, tout pour l’argent ! » mesure enfin les conséquences de ses actes. »
Il ne s’agit pas d’un écrit d’aujourd’hui, non il date de plus d’un siècle, et s’il figure sur une affiche de théâtre, c’est qu’on y joue « Rallumer tous les soleils Jaurès ou la nécessité du combat ».
André Baudin, 9 décembre 2015
paula zegt:Meneer Veelkantie,Even een kleine tip voor als u nog eens pullled pork maakt en wakker wilt blijven: drink geen bier, want in bier zit hop en dat wordt ook gebruikt als rustgever/slaapmiddel.Ziet er overigens heerlijk uit! 0 likes