Lettre ouverte aux chercheurs des EPST

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Lettre ouverte aux chercheurs des EPST[1] (INSERM, CNRS, INRA…) :

Prévention et recherches biomédicales sur des animaux pris comme modèles biologiques de l’homme sont anticonstitutionnelles et susceptibles de recours devant le Conseil Constitutionnel

 

Bien au delà de la condition animale, qui reste déplorable en dépit d’une pâle reconnaissance de sa sensibilité au terme du nouvel article 515-514 du code civil, une question se pose, celle de la validité de l’expérimentation animale au regard de la Constitution qui, je la cite « (…) garantit à tous (…) la protection de la santé (…) »  (préambule de la Constitution de 1946). Présentée de longue date comme étant indispensable à la santé humaine il se trouve que la pertinence de l’expérimentation considérant qu’un animal serait un « modèle » biologique de l’homme est sérieusement remise en question depuis quelques années par des scientifiques de plus en plus nombreux.

Ceci pourrait se résumer dans la problématique ainsi formulée:

En quoi l’expérimentation sur un animal pris comme modèle de l’homme fait-elle entorse à la Constitution en matière de droit à la santé humaine.

 

En juin dernier, à contrario du mouvement du droit en faveur des animaux, la Commission Européenne choisit de continuer à permettre et même encourager la recherche dans le domaine de l’expérimentation animale. Elle nie l’élan démocratique exprimé par le biais de la mobilisation citoyenne contre la vivisection[2] et refuse de reconnaître le fait pourtant évident que l’animal n’est pas le modèle biologique de l’humain, ceci allant à l’encontre même du principe de précaution qui vise à ne pas instaurer une pratique lorsque l’on n’est pas garant de sa non nocivité.

En conséquence nous espérons que les chercheurs auront une démarche plus logique et surtout plus empathique pour les dizaines de millions de contribuables français et européens qui cotisent pour qu’ils puissent chercher à améliorer leur santé et non la dégrader.

C’est donc avec estime et respect que nous vous prions, mesdames et messieurs les chercheurs des EPST, de lire et de comprendre cette lettre porte-parole de millions de voix.

Il apparaît aujourd’hui pertinent et opportun de porter cette question à l’ordre du jour démocratique et ainsi permettre à l’argent public d’être utilisé conformément aux principes de la Constitution et aux attentes des citoyens.

Nous vous remercions par avance pour l’attention que vous prêterez à cet argumentaire.

Tout d’abord concernant le modèle biologique animal qui n’est pas celui de l’humain.

Aucune espèce animale n’est le modèle biologique d’une autre. Son isolement reproductif signifie que les gènes d’une espèce sont spécifiques à cette espèce, cet isolement constitue la barrière d’espèce dont l’existence est une loi fondamentale de la biologie.

Si chaque espèce est différente on comprendra aisément que le résultat d’une expérience faite sur un chat ou un rat, par exemple, n’est pas transposable à l’homme. Passer outre cette évidence conduit à de nombreuses erreurs et drames. On se souvient par exemple, dans les années 1980, de l’épisode du sang contaminé par le virus du SIDA, destiné aux hémophiles. Le sang avait été testé sur des chimpanzés or le chimpanzé n’est absolument pas sensible au virus du sida donc, en faisant confiance au « modèle » chimpanzé (le plus proche de nous en termes d’évolution) on a mis sur le marché un sang contaminé dangereux pour l’humain.

En France, l’obtention d’une AMM (autorisation de mise sur le marché) pour un médicament ou une prothèse exige la réalisation de tests sur les animaux. Or, sachant que les résultats obtenus sur un modèle animal ne sont pas transposables à l’humain, on se demande pour quelles raisons ces tests restent obligatoires alors que des méthodes nettement plus fiables permettraient une validation plus performante, plus rapide et nettement moins chère. Nous y reviendrons.

Cette inadéquation des modèles biologiques invite également à se poser la question des très nombreux effets secondaires, tout aussi redoutables, même pires parfois que la maladie pour laquelle le médicament est utilisé. En 2008 la Commission Européenne reconnaissait que les effets secondaires tuaient 197000 citoyens européens annuellement avec un coût de 79 milliards d’euros[3]. Si les tests sur les animaux s’avèrent si performants, pourquoi les effets secondaires sont-ils si redoutables ?

A quoi auront donc servi les tests sur « modèles » animaux préalables aux études cliniques puisque sur 10 médicaments potentiels qui auront bien passé le test sur animaux, 9 échoueront aux études cliniques, le dixième passera mais souvent avec un « petit coup de pouce » balayant sous le tapis des résultats cliniques défavorables, voir gravement dommageables pour la santé humaine.[4]

Continuons dans les chiffres. De 2000 à 2009, en France selon des données publiées notamment par l’InVS[5] les cas de diabète ont doublé, le nombre d’Alzheimer a augmenté de 70%, les cas de cancer du sein et de la prostate se sont multipliés respectivement par 2 et 3, le nombre d’enfants autistes est passé de 1800 à 650000. Comment expliquer ces dérives dans un cadre scientifique où la rigueur doit être de mise, où la foi inébranlable en l’expérimentation animale oblige la Commission Européenne à décliner toute autre proposition de méthodologie, où rien ne bouge excepté l’ampleur des pathologies cancéreuses et neurologiques qui augmentent sans cesse. Aucune société n’a été aussi bien « soignée » et n’est aussi malade que la nôtre, curieusement !

On se retourne contre la pollution chimique, elle induit effectivement des maladies qui coûtent en Europe de 157 à 260 milliards annuellement et cela pour tenter de « réparer » les dégâts causés sur la santé humaine sans en soigner la cause et le plus souvent sans perspective de guérison.[6]

Il serait vain de croire en l’absence de lien avec l’expérimentation animale. Tout est lié, et d’aucuns d’entre vous, lecteurs, le savez bien.

Tout d’abord parce que l’expérimentation animale n’apporte aucune réponse concernant la résolution des dégâts provoqués chez l’homme par la pollution et comment pourrait-elle le faire puisque l’étude de la toxicité relève de l’observation de l’incidence d’un produit sur un gène ou une cellule or le gène de l’animal hors humain n’a rien à voir avec celui de l’humain. Ensuite parce qu’aucun travail conséquent n’est fait en amont, le seul objectif des industries étant de démontrer, coûte que coûte, le caractère non toxique du produit à mettre sur le marché. C’est par exemple le cas des études menées par la société Monsanto sur la toxicité de son maïs OGM NK603 résistant au Roundup (glyphosate). Cette société a testé son produit sur une certaine lignée de rats et durant 3 mois seulement. Parallèlement une équipe de chercheurs a testé le même produit sur la même lignée de rats, cela pendant 2 ans, et maïs et Roundup se sont révélés hautement cancérigènes. Qui croire ?

On note bien le manque de fiabilité de l’expérimentation animale qui dit tout et son contraire…

C’est également le cas d’un hydrocarbure qui, testé sur la lignée de souris C3H, est fortement cancérigène alors que, testé sur la lignée C57BL16, il est très faiblement cancérigène[7]. Il en va ainsi pour absolument tout, les modèles biologiques étant parfaitement indépendants les uns des autres.

Au fait des déviances industrielles et financières on peut aisément supputer que la validation de l’ensemble des produits que nous consommons est dépendante du bon vouloir des industries au détriment hélas, de la santé humaine.

D’autre part comment se fier à une expérimentation animale si toutes les espèces réagissent de façons différentes, si elle est manipulée par les intérêts financiers et si, comme nous l’avons évoqué précédemment, le modèle biologique animal n’est pas fonctionnel par rapport à l’humain ?

Les consommateurs s’interrogent et c’est normal.

En face de cette science fondée sur les principes parfaitement obsolètes et erronés de Claude Bernard qui avoua lui-même à la fin de sa vie avoir « les mains pleines de sang et vides de résultats », une science, plus exactement une méthode scientifique fondée sur une technologie de pointe, la génomique (l’étude du génome c’est à dire l’ensemble du matériel génétique de l’individu) se bat pour faire valoir sa parfaite efficacité en ce qui concerne la biologie de l’humain et la compréhension des pathologies principalement dues à des facteurs extérieurs chimiques. Malheureusement cette méthode nommée toxicogénomique n’est pas validée par la Commission Européenne. Cette méthode, appliquée à des cellules humaines en culture est, en l’état de nos connaissances, la plus pertinente pour indiquer un risque toxique pour l’homme, en plus d’être rapide, bon marché et susceptible d’évaluer les toxicités de mélanges auxquels nous sommes évidemment exposés. Refuser de valider cette méthode et donc d’en faire bénéficier les citoyens dans le but d’améliorer leur santé est un affront à la Constitution.

Nous aborderons donc dans cette seconde partie le cas particulier de la toxicogénomique, un domaine d’étude consacré à l’influence des substances sur les modifications génétiques et cellulaires. Nous n’en sommes plus aux interrogations concernant la circulation du sang ou le système respiratoire, découvertes pour lesquelles l’expérimentation animale a pu être utile mais que l’on aurait observées de toute façon chez l’homme car elles font appel à des processus biologiques de base partagés par des milliers d’espèces différentes donc parfaitement universaux.

Pour l’étude des maladies, il faut se souvenir qu’elles sont spécifiques d’une espèce donnée et que dans une espèce on sait depuis près d’un siècle que toute maladie a une origine cellulaire. C’est à ce niveau qu’il faut rechercher le mécanisme qui a conduit à la maladie, ainsi que la thérapie pour en guérir. Pas sur la cellule de souris, mais sur celle de l’homme quand il s’agit de santé humaine.

Sachant cela, on comprend qu’une branche de la biologie qui peut apporter une réponse aux pathologies diverses est la génomique, c’est à dire l’étude du génome humain (obtenu par séquençage génomique) dans le but de comprendre toutes les fonctions des 23000 gènes responsables du complet fonctionnement biologique du corps humain.

Concernant l’étude de la toxicité responsable de la plupart des maladies, la toxicogénomique apporte une solution absolument fiable. Cette méthode est fondée sur des concepts scientifiques rigoureux et logiques, elle permet de comprendre l’influence de l’environnement sur l’évolution de nos cellules et des gènes qu’elles renferment. C’est tout le contraire des tests effectués sur les animaux, arbitraires et illogiques concernant la toxicité pour l’homme, qui n’apportent aucun résultat valable aux problèmes actuels d’augmentation de cancers, Alzheimer etc. En conséquence, la toxicogénomique identifie précisément les polluants perturbateurs de gènes et responsables de toutes ces maladies, elle pointe du doigt les ravages d’une science inféodée à l’industrie chimique masquant la très haute dangerosité des produits qu’elle laisse répandre sur le marché.

Précisons au passage que la recherche en toxicogénomique est nettement moins coûteuse que celle engagée sur l’animal. Par exemple il faut savoir qu’un singe de laboratoire coûte environ 5000 euros, cela veut dire que l’inutilité coûte cher à la vie animale, à la biodiversité et au contribuable qui finalement « achète » sa propre pathologie puisque ses impôts servent à financer une recherche qui va dans le sens des grands groupes industriels tous regroupés par exemple sous l’égide du très cynique ILSI (International Life Sciences Institut) fondé par les grands groupes industriels qui se partagent le commerce international.

La toxicogénomique a pour principe l’exposition de l’une ou l’autre des 243 types de cellules humaines à la substance à tester, elle observe ensuite les modifications des gènes et des cellules afin de prouver qu’une substance donnée peut provoquer la pathologie à moyen ou long terme. Cette méthode utilise des moyens substitutifs dont la puce à ADN très fiable concernant le diagnostic humain.

La Commission Européenne a pourtant refusé de mettre cette méthode en oeuvre au prétexte qu’elle n’est pas validée mais impose des tests de toxicité sur des rats durant 90 jours, dont la typologie est choisie par les laboratoires eux-mêmes pour l’homologation du produit.

Comment s’en étonner lorsque l’on sait qu’à l’intérieur de la Commission Européenne se trouvent des représentants de l’ILSI et autre, c’est à dire de toutes les industries qui font la loi financière aujourd’hui, Monsanto en tête, Bayer, PepsiCo, BASF, Nestlé… des industries qui se veulent du bien avant de nous en vouloir semble-t-il…

Mais ce mercantilisme est-il conforme à la Constitution ? Est-ce parfaitement légitime, démocratique et finalement constitutionnel que de céder aux lois du marché au détriment de la santé publique ?

Très concrètement, que dit la Constitution ? Que l’Etat doit garantir « la protection de la santé » à tous.

Nous sommes donc en droit d’avoir de sérieux doutes concernant la conformité constitutionnelle des études biologiques menées sur le modèle animal aujourd’hui.

Le rapport n° 1828 déposé par la Commission des affaires européennes « Sur la stratégie européenne en matière de perturbateurs endocriniens » enregistré à la Présidence de l’Assemblée Nationale le 25 février 2014 va très exactement dans ce sens évoquant la dépendance de la science au lobbying de l’industrie.

Ce rapport témoigne précisément des polluants chimiques et de leur très forte influence sur la santé humaine. Il stipule également que les preuves en matière de toxicité ne sont pas suffisantes et insiste sur la pression exercée par les lobbies qui font plier la science au profit des multinationales. Tout ceci dans un rapport ultra détaillé sous-entendant les failles d’une science absolument dépendante de la finance et non plus respectueuse de la Constitution.

Ainsi, du point de vue juridique, la science telle qu’ainsi pratiquée est en totale infraction parce qu’elle trahit non seulement le citoyen qui cotise pour améliorer sa santé mais également la Constitution qui garantit par l’Etat la protection de la santé, individuelle et publique.

En cela elle est susceptible de recours devant le Conseil constitutionnel.

L’expérimentation animale, inutile et même dangereuse pour la santé humaine, est un acte anticonstitutionnel et antidémocratique en ce qu’il nie les droits fondamentaux des citoyens au profit de l’argent.

La Commission européenne en est complice de même que l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments), elle aussi à la botte de l’ILSI. Autrement dit la science ne respecte absolument pas son devoir devant la loi.

Par là même, l’insistance visant à soutenir la vivisection, cela dans le but de garantir la tranquillité financière de l’industrie chimico-alimentaire, devient un acte hors-la-loi.

En conclusion, nous, citoyens européens, demandons à ce que la Constitution soit respectée, que toutes les méthodes permettant l’amélioration de la santé humaine soient mises en œuvre et qu’une véritable clarté démocratique soit faite en faveur des consommateurs. Pour cela, l’expérimentation sur le modèle animal doit être abandonnée dans les plus brefs délais au profit des techniques substitutives.

Sachez, mesdames et messieurs les chercheurs des EPST, qu’en dépit d’une information mal relayée par des médias également achetés par les multinationales, l’information circule et la vérité est en train de se faire jour dans la conscience de millions de citoyens, pour preuve l’essor absolument prodigieux des produits BIO.

Je vous remercie de l’attention que vous aurez bien voulu accorder à cette lettre et je veux croire en votre bonne foi car nul être humain ne peut choisir d’étudier la science sans, à la base, vouloir faire bénéficier l’humanité de ses avancées.

Marie Kern, texte rédigé en commun avec Antidote Europe, avec le soutien de maître David André Darmon

[1] Etablissement public à caractère scientifique et technologique

[2] Initiative Européenne Citoyenne « Stop vivisection » visant à l’abrogation de la Directive 2010/63/ eu

[3] Article paru in The Lancet, 2011

[4] Voir par exemple le livre d’Even et Debré Le guide des 4000 médicaments, utiles, inutiles, ou dangereux

[5] Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’InVS

[6] Woodruff T, J Clin Endocrinol Metab 205 Ap. 100 (4) 1267-77

[7] Cancérologie (1976), Georges Mathé et Albert Cattan, Expansion Scientifique Française

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Marie Kern

Marie Kern - Blogueuse, auteur, accompagnement littéraire d'artistes (peintres ...), rédactrice web (article, contenu rédactionnel, ré-écriture de pages web).

One Comment

  1. Un article tout à fait instructif, permettant d’apprendre pas mal de faits que j’ignorais, avec la limite qu’il s’adresse effectivement aux chercheurs comme l’indique le titre, et qu’étant un littéraire, j’ai eu parfois un peu de mal à suivre certains passages.

    Je pense que le combat pour le bien être animal avance peu à peu en France, notamment avec une meilleure visibilité de L214 et de LPO. Hélas le pays avait et a toujours beaucoup de retard sur les Etats-Unis. Dans la limite de mes connaissances, je me sens tout à fait en accord avec ce texte, hormis la fin (demande du respect de la Constitution). Ce genre d’appel me semble un peu vain. Par le passé ils furent déjà nombreux, sur d’autres sujets. Actuellement, ni la Constitution , ni La déclaration des droits de l’homme, ni la fameuse devise au fronton des mairies ne sont respectées, de moins en moins de liberté, égalité remise en cause partout, quant à la fraternité, passons… Penser qu’un pays ou que l’Europe actuelle, dominée par les lobbys, quelque soit le sujet, peut se laisser fléchir par une demande de respect pour les humains ou les animaux, est un leurre total. Pour le grand malheur des animaux torturés en laboratoires, les mouvements activistes n’existent pas ici, contrairement au monde anglo-saxon. Mais il est vrai, au-delà de cette cause particulière qu’un choix existe : faire des pétitions, espérer dans le bon vouloir des chercheurs ou des politiciens, des pollueurs, mais ces gens-là sont toujours, sauf exception, au service du capitalisme…ou alors existe une autre option, celle d’actions plus directes en faveur de la libération animale.

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