Banzaï ou la grande nuit américaine par André Baudin

Donald Trump

Jubilatoire d’entendre depuis la longue nuit américaine les gémissements des chiens de garde de l’orthodoxie ultralibérale.
Patrick Cohen : « Je vous rappelle que l’impensable est en train de se réaliser ».
Bernard Guetta qui se lamente : « Sous Trump, il faut s’attendre à l’affaiblissement de l’alliance atlantique », à un « bras de fer avec la Chine », à un « repli isolationniste » et même – horreur suprême pour Guetta – à une « entente avec Poutine dont les « perdants » seront la Syrie et l’Ukraine ». Et les Islamistes, pourrait-il ajouter…
Et que dire de Paul Krugman, l’un des intellectuels plein de morgue interviewé, prix Nobel d’économie, défenseur du libre-échange et de la mondialisation : « It’s a terrific night ». Ben voyons : les « marchés » tremblent, les couilles-en-or ternissent, les profiteurs et arnaqueurs de tous acabits sentent le « tremblement de terre » qui commence.
Voilà qui devrait réjouir bien des milliards de pékins vulgaris car tout ce qui est mauvais pour les États-Unis est bon pour le reste du monde !
S’il a été élu, Trump, c’est par rejet de Wall Street et des élites que représente jusqu’à la caricature Hillary Clinton.
S’il a été élu, c’est par le désarroi d’une classe moyenne sacrifiée et qui voit en lui une bouée de sauvetage pour ne pas sombrer et tomber dans la pauvreté.
S’il a été élu, c’est parce que les « zélites », les « merdias » n’ont pas vu, derrière le clown, la grande colère des classes laborieuses étasuniennes. Une colère exprimée par les jeunes lors des primaires par les 12 millions d’électeurs du sénateur démocrate Bernie Sanders, autant que par ceux qui, piétinant les caciques républicains, ont mis en selle le milliardaire self made man Trump. C’est la victoire de l’Amérique oubliée.
S’il a été élu, c’est parce que cette population oubliée, méprisée, humiliée – la classe moyenne, les « petits blancs » – constitue encore 74 % de l’électorat ! Et ils l’ont fait savoir. Alors les « zélites » autruches des États-Unis sortent la tête du sable et découvrent la détresse des planteurs de tabac de Virginie, des mineurs des Appalaches, des ouvriers de Détroit devenus simples vigiles pour les grandes surfaces. Elles découvrent que l’espérance de vie chez ces oubliés baisse sous l’effet de la misère et de ses effets, la drogue, l’obésité, les suicides : treize ans de moins que chez les diplômés. Elles découvrent l’existence d’îlots de pauvreté blancs à côté des ghettos noirs.
S’il a été élu, c’est parce que cette majorité silencieuse a enfin compris qu’elle seule paie les conséquences d’une crise économique déclenchée par les « banksters » au pouvoir et qui, non seulement ne leur rien coûté, mais les a enrichis.
S’il a été élu, c’est parce que malgré ses promesses, Obama est resté dans les rails tracés par l’oligarchie d’affaires qui tire le ficelles à Washington. Ces Étasuniens « sans-dents » se sentent à juste titre dépossédés de leur nation, de leur patrie par une poignée de possédants mafieux qui les méprise, les exploite, les rejette.
S’il a été élu, c’est par la révolte des 99 % » contre les « 1 % » de parasites.
S’il a été élu, c’est parce que les perspectives offertes au peuple sont d’être chauffeur « Uber », d’être auto entrepreneur sans aucune protection, voire chair à canon pour les innombrables guerres entretenues ou déclenchées pat le complexe militaro industriel tout puissant.
S’il a été élu, c’est à cause de la mondialisation voulue et orchestrée par les multinationales avec pour résultats des délocalisations pourvoyeuses de chômage découlant des divers traités commerciaux genre Alena avec le Canada et le Mexique, le TPP (Trans-Pacific Partnership) en Asie et le très rejeté Tafta prévu avec l’Europe.
Trump, pas si clown qu’on veut faire croire, a dit à ce sujet : « Nos politiciens ont promu avec vigueur une politique de mondialisation. Elle a enrichi l’élite financière qui contribue à leurs campagnes. Mais des millions de travailleurs américains n’en ont retiré que misère et mal au cœur. »
Et en France ? Quelles répercussions ? Nous connaissons nous aussi des colères populaires contre la « globalisation », contre la ségrégation sociale, contre la connivence des élites, contre l’avidité des possédants, contre la nullité des partis dits « de gouvernement », contre la professionnalisation des politiques, contre l’impunité des multinationales, contre le fossé des inégalités.
Pour éviter le pire, puisse la gauche, la vraie gauche, en avoir enfin conscience en renouant avec ses fondamentaux et un discours plus clair et plus radical, afin que les Français, comme les Amerloques ne se « trumpent » pas d’espoir !
André BAUDIN, le 10 novembre 2016.

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Marie Kern

Marie Kern - Blogueuse, auteur, accompagnement littéraire d'artistes (peintres ...), rédactrice web (article, contenu rédactionnel, ré-écriture de pages web).

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