Avertissement: Ce texte n’a pas vertu d’être une biographie de Renaud mais tout simplement un souvenir de ce qu’il a représenté pour des millions d’adolescents et pour moi en particulier. Pour cela j’ai été chercher le ressenti de mes 15 ans, sans passer par la case adulte, j’ai donné à brut ce qu’il représentait pour moi.
A l’heure où les médias et les paparazzis se ruent sur le moindre écart, sur la moindre faille, j’ai voulu rendre à Renaud ce qui lui appartenait c’est à dire l’amour de millions d’ados qui ont vu en lui un frère, un copain, une voix.
Je n’attends pas que l’on me juge sur la qualité de mon texte qui reste celui qu’un ado aurait pu écrire, je souhaite que ceux qui ont aimé Renaud, et qui l’aime encore, se retrouvent, peut-être, dans ces mots simples.
MON RENAUD A MOI: SOUVENIR D’ADOLESCENT
C’était un beau matin de février, un ciel bleu d’acier, un mistral à tout va. J’écoutais Renaud, mon Renaud à moi, un plein d’énergie et de liberté. Ça sentait le cuir et le vent glacé.
On était jeune, on y croyait. Il était l’ambassadeur de ce moment où l’espérance vivait encore, la France des années 80.
Renaud, avec sa tronche de piaf, ses yeux bleu pâle et son sourire canaille, ses biscotos de Phénix un peu fragile, son bandana et son bracelet de cuir, il a séduit tout une jeunesse qui voyait en lui les mots qu’elle ravalait, bien trop timide pour dire ce que le chanteur disait.
Moi j’étais encore plus timide que les autres, j’étais comme un volcan éteint. ça bouillonnait dedans mais rien ne pouvait sortir, absolument rien, même pas un son parfois, le mutisme total.
Renaud c’était ma voix, celle que j’avais perdue, celle que je n’avais pas encore, peut-être aussi.
Peut-il imaginer, Renaud, comment il est entré dans l’imaginaire d’ados qui faisaient plus que l’écouter, qui l’étaient, qui le devenaient, par identification, comme on veut toujours devenir comme son idole.
Peut-il connaître l’importance qu’il a eu dans ces vies anodines où le quotidien désarçonne les rêves plus vite qu’ils n’apparaissent ?
Peut-il savoir qu’il a crevé toutes les images qu’on a fabriqué de lui pour entrer directement dans nos vies sans barrières médiatiques, sans manigances télévisuelles ?
Je n’ai eu qu’une idole, Renaud, à en vouloir le même bracelet de cuir et à en aimer les mots, follement, moi qui préférais les chiffres j’étais mal barrée… et puis de guerre lasse les mots se sont laissés apprivoiser et ils m’ont aimée, à leur tour.
J’ai commencé à écrire, je n’ai plus arrêté.
Comme je ne suis pas citadine, mon Renaud à moi ne courait pas les rues mais le vent, il n’habitait pas la ville mais la mer et puis aussi les arbres, il n’était pas vraiment un chanteur comme les autres, il était un cheval fou qui galope sans savoir que la vie a ses limites. Et que ça fait très mal quand on s’en aperçoit.
A bien y regarder ce personnage que j’inventais, le Renaud de mes 13 ans ? 15 ans ? 17 ans ? C’était quand même le vrai Renaud, un cheval indompté qui s’est pris les pieds dans le tapis de la réalité.
Mon Renaud à moi il a été déçu d’abord par Mitterrand et par le communisme et puis par la finance qui n’en finit plus de ravager la terre et par la vie elle-même qui est dure et qu’il faut supporter, parfois. Tout ça on l’a découvert ensemble, lui et moi, lui et tous ses fans, on a tous été déçus ensemble et ses angoisses ont les a partagées aussi, chacun à sa manière, et lui ne le sait pas, bien sûr, mais qui n’est pas déçu devant une telle misère humaine, politique, écologique.
Et puis on a tous ressuscité, malgré tout, faut bien vivre et lutter ou tout au moins ne pas se laisser corrompre par le premier merdeux qui vient la bouche en cul de poule et le costard bien mis nous dire que c’est fini, que la planète peut s’effondrer, seul l’argent compte parce que c’est une valeur sûre et on ira ailleurs c’est pas du tout grave, on achètera une autre planète, dans l’espace, on fera un gros chèque que même le bon Dieu il saura pas refuser.
Mon Renaud à moi c’est pas une icône, c’est comme un copain. Un copain d’enfance qui ne vieillira jamais, qui incarnera toujours l’aube de ma vie, l’aube de nos vies, l’aube de l’espoir flétri aujourd’hui.
Mon Renaud à moi, je n’aime pas qu’on lui fasse du mal, il ne le mérite pas. Il n’a trahi personne. Il est du parti de la mer, des oiseaux, de la vie et c’est tout.
Il a aussi déserté la connerie et pour ça, il sera toujours, mon Renaud à moi !
Marie Kern, le 11 mai 2016, Bon anniversaire Renaud!
j’aimerais le joindre pour lui demander de se racheter vis à vis des pigeons qu’il calomnie en les traitant d’idiots.