Yann Moix: la stratégie de la polémique contre l’information

Sur Yann Moix en particulier et sur le parisianisme télévisuel en général : la stratégie de la polémique contre l’information

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Yann Moix, quel personnage antipathique ! C’est presque une caricature à force d’insistance et de mauvaise foi, une sorte de méchant de BD, un être prêt à tout pour être vu et bien vu, pour être le centre de cette dramaturgie de la polémique si cher aux stratèges de la communication. Car la polémique n’est pas autre chose qu’une arme publicitaire, nous y reviendrons.

Pour en arriver là il a fallu du temps à Moix… des alliances à tous les bords, du FN version dur (il préface le livre de Paul-Eric Blanrue Le Monde contre soi : anthologie des propos contre les Juifs, le judaisme et le sionisme, interdit pour provocation à la haine raciale en 2013 ; il est également signataire de la pétition contre la loi Gayssot[1]) à son amitié avec BHL, son mentor, son Dieu à lui, très certainement au courant de ses penchants antisémites mais manoeuvrant un guignol pathologique capable de tout pour être au centre d’une télé poubelle relevée par de fugitifs instants d’intelligence, très fugitifs instants…

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Lors de son entrée à l’émission de Laurent Ruquier, Moix dit qu’il n’épargnera personne, je lui rends la pareille, je ne l’épargnerai aucunement.

Moix est un de ces hystériques qui représentent à merveille le parisianisme télévisuel amateur d’audimat et de « décervellement ». Parfaitement à l’aise dans ce rôle de meneur, il renvoie ses émissions à des débats de bastringues où personne ne comprend plus rien si ce n’est que le crapoussin souhaite parader et booster l’audimat jusqu’au moment où, de guerre lasse, même ses fervents admirateurs finiront par se lasser de son jeu répétitif à souhait.

Mais qu’est venu faire ce type dans cette galère « ruquienne » ? Il a remplacé le journaliste Aymeric Caron qui faisait son métier avec ses engagements et son professionnalisme. On lui a préféré un pantin vide de sens aussi manipulé que manipulable, qui dézingue à tous bords pour que la polémique prenne largement le pas sur l’information.

Car Yann Moix ne fait pas œuvre de journaliste, il n’apporte aucune information, il les noie au contraire dans une bassine publicitaire savamment orchestrée par la chaine. En gros il fait passer le message qu’il doit faire passer par le biais de la polémique, stratégie n°1 de la communication, « outil de communication alternative à part entière, elle réussit, d’une manière ou d’une autre, à faire parler de son auteur par le buzz qu’elle génère. »[2]

Déclencher une polémique permet d’asseoir la notoriété d’une idée, d’un auteur voir d’une entreprise. Moix n’est rien d’autre qu’un déclencheur de polémiques, un levier manœuvré par Ruquier, donc France 2, donc France Télévisions, donc l’Etat. Il n’a aucune autonomie, il est un polichinelle de type hystérique, il est le personnage idéal de l’emploi, le méchant de Carnaval qui rentre, très théâtralement, dans la mise en scène orchestrée par le politiquement correct. C’est l’inverse d’un provocateur c’est un polémiste soumis aux bons ordres du maître.

Logiquement il s’écrase devant Valls mais dézingue Onfray ou Arash Derambarsh – ce dernier étant venu faire la promotion de son livre contre le gaspillage – pour ne citer qu’eux ; Moix ne travaille pas pour la liberté d’expression, il travaille pour son apparence et sa publicité, c’est très différend ! C’est le parfait alibi, le parfait idiot, comme vous voulez.

Le tout sur un air un peu bobo et franchement élitiste du style « Je suis un mondain et je t’emmerde, après moi le déluge, le dernier sorti éteint la lumière et je serai pas le dernier sorti c’est sûr et certain! »

Bref, Moix est le reflet de cette télé qui se fiche pas mal de son public, qui s’en fout littéralement même pourvu qu’il ramasse le foin de l’audimat et la reconnaissance du bon maître. Moix, la voix de son maître !

Si l’arme fatale du débile est l’orgueil alors Moix et sa clique en use à gogo, la fontaine coule à flots dans l’espoir d’écraser le « petit » peuple qui les regarde, ce grand public admiratif du grand esbroufe!

Ainsi la manipulation prend largement le pas sur l’information. Toute communication est manipulation et la polémique est une stratégie visant à cristalliser le sens de la conversation sur le sujet de l’auteur de la polémique (le Grand Orgueilleux!), non pas sur le débat d’idées en cours mais sur la « performance » du polémiste, du coup, l’information n’a plus aucune importance, c’est la manipulation qui prime, the show must go on !

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Ainsi Moix n’est qu’un vulgaire employé du politiquement correct. Il n’est pas là pour nous informer mais pour faire son numéro, c’est à dire enfumer le monde et dégager, le pactole dans la poche puisqu’il a agit en bon chien de garde de l’Etat

Tous ces « idiots utiles », Moix et compagnie, sont donc là pour nous faire oublier les vrais problèmes de société, ce sont des bonimenteurs, des bâteleurs de foire, des exhibitionnistes payés à la grosse semaine pour enfumer le public et faire de l’information une exhibition théâtralisée capable d’embobiner les plus faibles c’est à dire la majorité.

Tous ces guignols ne résolvent aucun problème, ils amusent la galerie et pendant ce temps, derrière cet écran de fumée, derrière ce paravent d’imbécillités, se joue la vraie vie, celle qui ne concerne pas ces nantis choisis pour leur docilité, celle que nous vivons chaque jour, celle du peuple dont le parisianisme télévisuel se moque éperdument.

[1] loi no 90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, dite loi Gayssot

Il est à noter qu’il s’agisse de cette pétition ou des photos prises en compagnie de frontistes célèbres, Moix dit toujours avoir été piégé, c’est étonnant de la part d’un homme qui se montre si malin sur le devant de la scène… à moins que Moix ne soit véritablement « l’idiot utile » dont parle Le Monde dans son article du 1er novembre 2010, L’écrivain Yann Moix, la pétition et les négationnistes.

[2] Quand la polémique devient levier de stratégie par Mathilde Bellement in Ambush- Marketing

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Marie Kern

Marie Kern - Blogueuse, auteur, accompagnement littéraire d'artistes (peintres ...), rédactrice web (article, contenu rédactionnel, ré-écriture de pages web).

2 Comments

  1. Tout à fait en accord avec cet article excellent, que dire de plus, sinon que ce personnage minable est hélas bien dans l’air délétère du temps, entre BHL, Finkie et autres Bruckner, Zemmour and co, la liste est longue, et en plus ces journaleux-faux intellos ont un certain don d’ubiquité, on peut les entendre au réveil sur une radio, les revoir le midi dans les news à la tv, et enfin dans la soirée sur diverses émissions, avec, et c’est le pire, une identique présence entre audiovisuel privé et public, ce qui est quand même un léger problème. Ces gens sont le symptôme d’une société malade, d’un système dit démocratique qui ne l’est plus du tout, faire de l’audimat, en alignant vers le bas le service public pour rejoindre les chaînes privées. On peut être inquiet sur la future chaîne d’infos en continu de France Television en septembre prochain ! On comprend que la dérive est grande quand une émission si populaire que celle de Ruqier (qui se dit à gauche) choisit un pitoyable clown d’extrême droite comme Moix ! Heureusement on a la possibilité de faire autre chose le samedi soir, de sortir, de lire, de regarder Arte ou des films en VOD ou en salles, et surtout pour nous blogueurs, de participer à l’émergence de médias alternatifs, sans attendre des grands soirs qui ne viennent jamais, c’est le cas de Mediapart, de blogs d’actus, et bientôt de la web tv de Michel Onfray. DAN29000

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